Tu en fais trop : stop !

Il était une fois,

Une femme d’un âge certain, voir d’un certain âge, mais on ne sait pas exactement lequel. Les personnes qui l’ont rencontré n’étaient pas d’accord : certains lui donnaient 35 ans, tandis que d’autres pensaient qu’elle avoisinait les 50 ans.

 

Bref une femme, qui avait travaillé pendant des années. Dans un métier qu’elle avait choisi par vocation. Un métier qu’elle adorait et dans lequel elle s’était beaucoup épanouie. Elle y avait appris à être en contact avec les autres, à écouter, à aider… Parfois même en faisait-elle un peu trop… Mais que voulez-vous, quand on aime, on ne compte pas.
Malheureusement, depuis quelques temps, quelque chose clochait. Comme une impression de dérailler, de ne plus marcher droit, d’être à côté de ses pompes. Cela avait commencé de façon très subtile, une impression furtive en fin de la journée : un manque, un vide. Mais cela passait très vite lorsqu’elle rentrait à la maison.

 

Forcément, il y avait tellement de choses à faire! Entre la cuisine, ordonner la maison, s’occuper de ses enfants, passer du temps avec son mari, trouver 5 minutes pour prendre soin d’elle.. Elle n’avait pas vraiment le temps de s’appesantir sur ce ressenti… Qui commençait à se faire tenace.
Au début, elle le sentait à la fin des journées épuisantes, où elle avait couru dans tous les sens, et avait eu l’impression que le temps filait entre ses doigts.
Maintenant, c’était presque tous les soirs, et ce sentiment restait plus longtemps, et surtout plus fort. Presque comme une tristesse qui s’accroche, et qu’elle avait du mal à faire partir. Parfois, ce manque se mélangeait à de l’agacement. Notamment envers les autres : ses collègues, ses clients… et évidemment, c’était sa famille qui prenait.
Qui n’a jamais déchargé sa colère et sa fatigue sur ses enfants ou son mari en rentrant tard le soir? Parce qu’on marche sur un légo, ou qu’on voit de la vaisselle dans l’évier. Des banalités… Mais qui prennent des proportions monstres lorsque notre patience a été mise à rude épreuve toute la journée.

 

C’était loin d’être une mauvaise personne, ou une mauvaise mère, ne la jugez pas trop vite.

 

C’était quelqu’un qui voulait vraiment bien faire : être une bonne mère, une bonne épouse, une travailleuse modèle… Mais elle commençait à boire la tasse. Et c’était un peu trop salée.

 

 

Il y eut une période où elle pensa qu’elle pouvait tout gérer. Elle mit plus d’énergie, dormit moins, fut plus concentrée, plus efficace.
Cela dura, mais moins que le marché de Villefranche. Arriva le moment qui devait arriver : son corps péta un plomb. Un bon gros stop. Celui qu’on ne peut pas ne pas écouter. Une maladie qui la coucha, et la força à s’arrêter.
Et à s’occuper d’elle. Elle en profita pour réfléchir à ce qui n’allait pas dans sa vie : la surcharge de travail professionnel, et personnel. Tout ce qu’elle devait gérer. L’absence de reconnaissance au boulot. L’impression d’être submergée. L’envie de tout plaquer pour partir en chameau explorer le monde. Le ras le bol.
Alors elle passa du temps à se poser des questions. Puis vint le moment des décisions :
Je continue comme ça ? Ou je fais autrement? Et si je fais autrement, comment??? Je lache mon taf? Je fais une thérapie? J’envoie tous mes collègues au goulag? Je brule la maison familiale et j’achète une caravane pour faire le tour du monde avec ma famille?

 

 

Les idées les plus saugrenues passèrent dans sa tête. Jusqu’à arriver à : j’ai envie de faire autre chose de mon temps, je veux un nouveau métier. Un dans lequel je m’éclate. Je veux pouvoir me lever le matin avec la patate, et en n’étant pas complètement épuisée parce que j’ai passé la nuit à ruminer. Je veux sourire à l’idée de ma journée, pas avoir la boule au ventre. MERDE JE VEUX M’AMUSER DANS MA VIE MOI!
Fallait-il encore décider quel métier… Va pour l’accompagnement. Parce qu’elle avait déjà fait des séances avec un hypno et avait trouvé ça vraiment génial.
Pour commencer, elle alla en formation surtout pour elle, pour s’aider, et se sortir la tête de l’eau.
Et cela fonctionna! Cela devint même une passion. A quel point c’était génial de voir que ça marche! Cela aide des gens, cela crée des états de dingues. C’était fou. Un nouveau monde s’ouvrait à elle, et elle était prête à apprendre le plus possible pour pouvoir aider ses futurs clients. Parce qu’elle se rendait bien compte que l’hypnose ne suffirait pas. 

Elle s’entraina sur son mari, ses enfants, ce n’était pas le plus simple mais bon. Vint le tour des copains, entre ceux qui ne voulaient absolument pas essayer l’hypnose, et les autres qui en étaient friands, c’était intéressant à explorer.
Des mois passèrent, d’apprentissages, de rencontres, de joie et de moment plus durs. Puis la formation de base se termina, et ce fut le moment de s’installer! Enfin !! Le graal, ou presque. Imaginez…

 

L’impression de passer à côté de sa vie pendant des années, d’avoir la tête dans le guidon, de ne pas s’épanouir… Et maintenant la possibilité de trouver sa place, sa voie. La possibilité de recréer une vie de famille équilibrée, de retrouver du sens à sa propre vie. C’est énorme.

 

Alors il ne faut surtout pas se louper ! Parce que finalement, elle a toujours envie d’être la meilleure pour ses clients/patients. C’est encore plus important qu’avant : des personnes vont venir la voir et confier leurs problèmes. Ce n’est pas le moment de mal faire.
Alors continuons, gavons-nous telle l’oie d’informations. Des livres sur différents sujets : l’hypnose, évidemment. D’abord le guide des protocoles, puis Hypnose de Lockert. Ajoutez à ça tous les collected papers. Les 5 blessures. Un peu d’Eckhart Tholle, le moment présent. Je vous rajoute des livres sur les métaphores? Ou la confusion? Allons voir du côté des spécialisations : comment on accompagne les enfants? Et les Tocs? Et le tabac??? Il me manque des livres sur l’auto hypnose aussi, un peu Nardone ici. Et là, je range la PNL?!
Bon c’est pas mal ça, 150 livres à lire on est bien.
Partons sur les vidéos : il y a de quoi faire. Commençons par tous les cabinets publics. Puis je peux aussi m’inscrire à toutes les plateformes de formation, on peut y voir des supervisions, des analyses de cas. Et des lives gratuits aussi.

 

Fouillons Facebook : les forums, surtout Hypnose. Mais heureusement il y en a plein! Débutants en hypnose, hypnose et spiritualité, Intervision, hypnose et sport, auto hypnose, dev perso….
La connaissance n’a jamais été aussi accessible. Et tant mieux !

Mais ça ne suffit pas, évidemment. Parce que ça ne donne pas de diplôme. Déjà que ce métier n’est pas reconnu, il faut bien gagner en légitimité d’une façon ou d’une autre. Et des formations, il en existe des centaines. Hypnose et poids, hypnose et tabac, accompagner les enfants, PNL, EMDR, EFT, RITMO, auto-hypnose, hypnose rapide, hypnose classique, hypnose elmanienne… Tellement de choses à savoir que ça nous fait tourner la tête

Plus elle en fait, plus elle se rend compte qu’elle ne sait pas grand chose! Alors il faut apprendre plus, travailler plus, préparer plus longtemps ses séances… Ce n’est pas possible de commencer à accompagner des personnes sans être sûre que tout va bien se passer, et surtout qu’elle ne va pas faire de boulette. No way. Je dois gagner en confiance, en technique, en légitimité.

 

N’est-ce pas un schéma qui commence à se répéter?!

 

Ce schéma, tu le connais? Malheureusement c’est une histoire qui n’est pas qu’une invention. Cela arrive à beaucoup de débutant·es, et c’est normal. J’irais même jusqu’à dire que c’est okay.

 

Le problème de cette histoire, c’est que ce qu’on pense être une solution (se former jusqu’à plus soif), devient le problème. A force d’apprendre, et de ne pas se laisser le temps d’intégrer et de tester dans la vie réelle (avec des clients), on a l’impression de ne jamais savoir assez, et d’être débordé·e par les infos.
On peut alors ressentir comme un brin de désespoir face à tout ce qu’on ne sait pas.

 

Et toi, ça t’es déjà arrivé?