Oui mais !

Ok, tu ne t’attendais peut-être pas à ça ^^

Oui mais est un des jeux psychologiques recensé par Eric Berne, le créateur de l’analyse transactionnelle.

Reprenons depuis le début.

Un jeu psychologique c’est un échange entre deux personnes ou plus, dont le but n’est pas la discussion. Le but est l’échange caché qui se passe.

Par exemple, dans le jeu le plus connu du triangle de Karpman, il existe plein de buts cachés dans les échanges.

  • La victime veut se faire plaindre, obtenir de l’attention.
  • Le sauveur a un rôle en apportant des solutions, il est reconnu pour ce rôle.
  • Le persécuteur peut décharger sa colère sur quelqu’un.

[Si tu veux plus d’infos, je te mets un ancien article de 2017 dans les ressources ]

Dans le livre Des jeux et des Hommes, Eric Berne a recensé 36 jeux. Le livre est relou à lire au possible, mais vraiment très intéressant.

Quand je pars en vacances poseyyy
LE JEU DU OUI MAIS

Ce jeu est une partie intégrante du triangle dramatique. Il se joue entre la victime et le sauveur.

Oui mais, ça veut dire non. C’est juste un non que l’autre n’ose pas te dire.

POURQUOI ON JOUE ?

Pour plein de raisons différentes :

  • la position de victime est beaucoup trop intéressante en terme de gains pour arrêter le jeu. [à savoir : c’est la victime qui mène le jeu.]
  • Ou encore beaucoup de peur à faire quelque chose de différent de d’habitude.
  • Beaucoup de peurs derrière qui font qu’on ne veut pas vraiment de solutions
  • On rejoue une posture d’enfance qu’on connait fort bien
  • On valide des croyances qu’on a sur soi, les autres, le monde
COMMENT CELA SE JOUE :
Une victime a « un problème » qu’elle « veut régler » (note tous les guillemets). Elle va alors parler de son problème à quelqu’un, en sous-entendant qu’elle a besoin d’aide.

Le joueur numéro deux a alors plusieurs choix : l’aider, l’écouter et ne rien faire (une façon d’éviter le jeu), écouter et questionner (deuxième façon d’éviter le jeu), l’envoyer bouler.

Ce sont souvent des postures que prennent nos client·es

  • Oui j’aimerais changer, mais … ça n’a jamais marché pour moi.
  • Oui j’aimerais arrêter de fumer mais ça me parait trop difficile.

Et que dire de nous?

  • Oui je voudrais développer ma clientèle, mais j’ai trop peur d’être critiqué·e.
  • Oui je veux réussir, mais je ne suis pas prêt·e à faire face à la souffrance potentielle de changer de comportement.
  • Oui je veux bouger, mais sans investir sur moi vraiment

C’est un jeu qui peut rendre fou. Personnellement, j’ai eu plus d’une fois envie d’étrangler mes amis, mes clients, et moi-même en m’entendant me plaindre et refuser toutes les solutions que l’on me proposait.

OUI MAIS EN SÉANCE

Dans une séance, si ta posture n’est pas adaptée, tu peux très très vite tomber dans le piège de la victime. Tu te retrouves alors à chercher plein de solutions pour elle, à te questionner sur quel protocole tu dois trouver, à comment l’aider au mieux.

En face, tu vas avoir des refus de changer, des mini changements qui vont très vite repartir, ou juste un mur.

Evidemment, ce n’est pas la faute de ton client. Même si c’est de sa responsabilité. Alors je ne veux point entendre des phrases telles que :

  • « mon client était dans ses résistances, il n’avait pas vraiment envie de changer
  • C’est de sa responsabilité, à lui de trouver sa motivation »

Et autres balivernes qui te déresponsabilise complètement de ton rôle.

Quand je croise quelqu’un que je ne veux pas voir

La personne est dans ton cabinet. Elle s’est déplacée, elle a pris rdv (et même si quelqu’un a pris rdv pour elle, elle est quand même là). Donc il y a quelque chose. Exploitable ou pas mais il y a quelque chose qui l’a fait venir.

Evidemment que c’est difficile pour elle, évidemment que des « résistances » arrivent…Sinon cette personne ne serait pas dans ton cabinet et se serait débrouillée solo. Mais là, ses peurs ou autres habitudes sont trop incrustées pour qu’elle y arrive solo (et au rythme où elle veut que ça change).

Toi, ton job, c’est de trouver ce qui se passe pour elle et de lui apprendre à prendre sa responsabilité dans sa vie. Si tu tombes dans le jeu du sauveur, tu entretiens son problème. Tu deviens même partie intégrante de son problème.

COMMENT SORTIR DE CELA :

Bosser sa posture

The base (ça se dit pas du tout ce mix d’anglais/français).

Et The base qu’on ne bosse jamais.

A part te dire en formation que tu dois être en posture basse (parfois interprétée comme la posture serpillière), on ne te parle pas vraiment de cela.

Donc la posture, elle est liée à pas mal de choses dont ton cadre de travail et tes croyances sur le changement et ton rôle.

Par exemple, si je pense que la réussite de la thérapie doit se faire rapidement, et grâce au bon protocole que je vais choisir –> bienvenue dans le joyeux monde du sauveur!

Donc question 1 à te poser (et réponse avec honnêteté radicale stp!) : de quoi dépend le changement en thérapie?

Question 2 : quel est ton rôle là-dedans ?

Question 3 : en combien de temps la personne peut changer quand elle vient te voir?

(J’en aurais mille autres, mais comme on va faire un atelier sur le cadre, on aura le temps d’explorer tout ça sérieusement)

Questionner

Quand une « victime » vient te titiller pour rentrer dans son jeu, tu peux prendre du recul. Et poser des questions sur le jeu qu’elle crée.

Est-ce que c’est récurrent dans sa vie de se plaindre et que les gens l’envoient bouler?

Quand elle fait cela, est-ce qu’elle attend une solution? Si oui, comment elle saura que c’est une solution acceptable pour elle?

Cf l’article sur le triangle

L’importance de l’intention :

Attention sur l’intention que tu mets dans tes questions : si c’est pour que la personne se prenne un grand recadrage et comprenne enfin le jeu qu’elle joue, il y a de fortes chances que tu sois toujours dans le sauveur.

Dios mio cher thérapeute ! J’ai enfin compris que je ne vivais pas ma vie comme je le devais et que c’était entièrement ma responsabilité ! Merci grand hypnotiseur !

Notre principale intention lorsque l’on questionne : prendre de l’info pour comprendre ce qui se passe et faire du lien dans notre tête (en tout cas, c’est ma principale intention) / tester notre idée.

Voilà pour cet article, qui demanderait 20 articles en plus pour compléter mais tant pis ^^

RESSOURCES

Livre :

Article :

Film :

Et vous, comment vous en sortez de ce jeu quand vous tombez dedans?