Le jour où j’ai perdu une partie de moi

Ca claque comme titre non? Ca fait dramaqueen, j’aime bien.
En réalité ça ne me fait que moyennement rigoler pendant que je suis en train d’écrire…

 

Est-ce que vous aussi vous avez déjà eu des idées que vous trouviez fantastiques, et dont les répercussions ont été un peu plus importantes que vous ne l’imaginiez?

 

C’est ce qu’il s’est passé pour moi en Ecosse. Ma bonne idée de départ c’était m’inscrire à un stage pour aller rencontrer ses peurs profondes… Un voyage hypnotique organisé par l’Arche. Je vous entends dire « ouais nan mais Anna, déjà vu le titre on pouvait supposer que ça allait mettre le bazar« …Certes. Pas manqué.

 

Que le voyage commence

Décollage

 

Tout démarre très gentiment avec deux jours à Edimbourg, à visiter tranquillement avec Mélinda (sa chaine Youtube ICI). Trop dommage de passer en Ecosse et de ne pas en profiter pour explorer ce pays un tout petit peu… Apprécier la quiétude qui ne va peut-être pas durer.

 

Puis notre chemin nous mène devant un château, perdu au milieu d’un immense et magnifique parc, à quelques minutes d’Edimbourg.. Le Melville Castle.

 

 

C’est là que va se dérouler, pendant 4 jours, le voyage hypnotique dont le thème est : rencontrer ses peurs profondes. C’est animé par Kevin Finel et Vincent Hurner, avec Maureen Gelin qui sera le « fusible » du voyage. Parce que forcément, on sait tous qu’il y aura de bonnes décharges émotionnelles, et il faut bien 3 personnes pour en gérer 38 qui vont aller faire un coucou à leurs peurs.

 

Perso j’ai attaqué fort, parce qu’une de mes peurs c’est le groupe, le regard de l’autre… alors rencontrer 35 guguss je t’avoue que j’étais pas sereine en arrivant. Heureusement je retrouvais ma comparse Julie Guichard, et d’autres superbes personnes rencontrées dans le précédent voyage hypnotique en Italie. J’étais sauve pour un temps.

 

Nous sommes dimanche, on sait que le véritable voyage ne commencera que lundi. Alors on souffle, on rencontre, on rit, et on bosse un peu avec Mélinda parce qu’on a eu l’excellente idée de se rajouter un vlog à faire sur le voyage.

 

Lundi matin (l’empereur, sa femme et le p’tit prince…. De rien pour la chanson dans la tête, pour les autres allez voir sur Youtube), tout démarre.
Assez gentiment il faut le dire. On commence à créer une cohésion de groupe, à apprendre à compter les uns sur les autres, on aura bien besoin de ça pour la suite.
Car le mardi on part direct à la rencontre de notre plus grande peur. On la personnifie, on lui offre notre corps pour qu’elle prenne vie à travers un personnage. Et on la vit. On la comprend. On s’intéresse à elle. On la laisse discuter avec notre voix, utiliser notre corps pour bouger, regarder le monde avec nos yeux… Une expérience déroutante et sublime à la fois. La meilleure du séjour pour moi.

 

Le reste s’enchaine dans un brouillard de transes, d’expériences, de théâtre, de fou rires, de pleurs et d’angoisses…

 

On va voir du coté de la peur du ridicule et du jugement, puis de l’inconnu et du vide

 

Les soirées sont rythmées par les dégustations de whisky, les histoires de Namir, les bains dans de l’eau à 7 degrés, les gens bloqués sur des toits (j’ai pas fait exprès!!)

… Les rires et les discussions, et les fantômes qui viennent embêter certains la nuit 🙂

 

Impossible de tout raconter ici.. Déjà parce qu’il faut comprendre qu’on vit 4 jours en huis clos, dans un château où il n’y a que nous et le personnel, et qu’on est en transe pendant ces 4 jours (est-ce que j’en suis sortie? Pas certaine).. Et c’est pas les transes dont on a l’habitude, c’est plus… Intense. En tout cas pour moi.

 

Je fais avance rapide et je vais jusqu’à la fin du voyage… car c’est là que je vais perdre deux trois trucs.

Bruler ses chaussures

 

 

Un des derniers exercices : noter ce qu’on laisse dans la campagne écossaise, de quoi on s’allège… pour bruler allègrement le papier dans la soirée.
Franchement, mon premier avis ça a été : pff des trucs écrits sur des papiers j’en ai brulé… Ca a jamais rien donné à part une brulure au doigt pour avoir déplacé trop vite le truc en fer que j’utilise pour bruler mes photos d’ex, mes mauvaises actions et mes peurs…

Et puis vient une autre idée : j’aime pas l’idée de laisser des bouts de moi. Ca m’appartient tout ça, ces peurs, ces anxiétés, ces terreurs nocturnes, ces jugements, ces mensonges, ces comportements pourris, ces bouts de moi qui font ce que je suis. Pourquoi j’irais abandonné cela dans un pays certes très joli, mais bien trop loin de chez moi pour que je revienne les chercher. C’est à moi. Qui a dit qu’il fallait enlever des bouts de soi pour être mieux après???

 

Tu les vois les résistances se mettre gentiment en place? Si j’enlève tout ça je vais me retrouver comment moi?? Parce que bon, une des peurs que j’ai taffé c’est la peur du vide. Alors t’imagines bien que si j’enlève des trucs j’ai tendance à me sentir …Vide. J’aime pas. J’aime pas du tout.

Comme je les remarque bien aussi les résistances, je décide de me lancer à fond dans l’expérience, tant pis. On verra bien ce que ça donne.
Je repense à ce que Kévin nous a dit lors d’une transe : c’est comme des costumes trop vieux, trop élimés. Ces costumes que t’adore porter… ou ces vieilles chaussures complètement démodées mais dans lesquelles t’as l’impression d’être en pantoufle. Elles t’ont accompagnées dans plein d’aventures, dans tes peines, tes joies, quand tu t’es fait jeté de ton dernier travail, et quand t’as sabré le champagne pour le nouveau, dans les repas de famille et dans ta solitude, même quand tu étais entouré…

 

Et t’as pas envie de les jeter parce que c’est presque devenues des potes (ouais j’ai des copines chaussures moi)..Mais faut bien faire de la place dans les placards pour accueillir la nouvelle paire que t’as repéré et qui t’irait bien.

 

 

 

Alors j’écris 3 pages de trucs que je laisse (ok j’ai sauté des lignes^^). Et je donne gentiment mon papier, avec quand même un gros pincement au cœur.

 

Pour fêter la fin de l’aventure, on décide d’aller se baigner dans une rivière à 7 degrés (autant te dire que moi j’ai la crève là).. en attendant de faire bruler nos papiers cette nuit.

 

Vient le moment fatidique dirais-je, au son du dernier des mohicans. Ca donne un rituel particulier. Une ambiance de feu et de tristesse chez moi… On voit partir en fumée ces bouts de nous… merde mes chaussures ! En vrai je voulais pas les mettre là, elles me vont encore… Laissez moi les garder bon diou !!
J’ai envie de mettre ma main dans le feu pour dire non non je me suis trompée ! Je garde bien conscience que ce ne sont que des bouts de papier, mais ce sont mes chaussures !!

 

A ce moment-là je décide que je suis en train de devenir folle, et je vais boire un verre de prosecco offert par un nouvel ami pour fêter mon nouvel état de démence, pieds nus.

 

 

Bon, je vous passe le retour en France, les émotions des aurevoirs, et cette saloperie d’avion qui est bien trop gros pour voler.
Là ça fait 3 jours qu’on est rentré, et je ne m’en remets pas. J’ai une tristesse infinie à l’idée d’avoir perdue des bouts de moi. Je me tape des crises de larmes pour rien n’importe quand, et je crois que c’est normal. Je suis en deuil de mes chaussures. Donc je suis triste.

 

Et ça m’a interrogé… Souvent nos clients ont peur de changer, avec l’angoisse de ne plus être la personne qu’ils sont. J’ai souvent pris ça de haut, sans vraiment y faire attention. Je me disais que c’était une résistance, pas vraiment intéressante parce que finalement on ne peut pas perdre des bouts de soi.. Tu parles Charles.

 

Maintenant je comprends. Parfois on a vraiment l’impression de perdre des bouts de notre identité, pour le pire ou le meilleur je ne sais pas encore. Et je crois qu’il est important de prendre ça en compte dans le changement. Peut-être que c’est une évidence pour ceux qui me lisent, moi j’ai pris une claque.

 

Déjà parce que je trouvais que c’était vraiment un exercice pas fou (mais quand tu t’es tapé 4 jours de transe l’exercice devient fou), et parce que je crois que j’ai zappé pendant longtemps cet aspect là dans le changement. Suivant ce que l’on travaille avec notre client, on peut avoir l’impression de se perdre, et c’est essentiel de savoir ce qu’on en fait de cette idée…

 

Me demandez pas, j’en sais fichtre rien encore, mais je vais trouver 🙂 Et je vais tenter de ne pas fuir chez San Marina pour me laisser le temps de profiter de mon vide.

 

 

Le vlog du voyage monté par Mélinda : ICI