Petit outil du jour, idĂ©al Ă utiliser pour soi ou en sĂ©ance. Cet outil a Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ© par HĂ©lène Dellucci sous le nom de “collage de la famille symbolique”. Psychiatre travaillant avec des personnes traumatisĂ©es, HĂ©lène Dellucci a constatĂ© que, chez ces patient.es, les liens d’attachement et d’identification Ă©taient souvent dysfonctionnels, voire absents.
Par exemple, des patient.es victimes de maltraitance familiale cherchent souvent des liens sécurisants auprès de proches maltraitants. Dans certains cas, rompre ces liens devient indispensable pour avancer. C’est pour ces situations, où les proches ne sont plus sécures, que cet outil a été conçu.
Cette approche mêle systémique et thérapie narrative. L’idée est de recréer des liens d’attachement sécurisants tout en modifiant la narration que le.la patient.e a sur elle-même. Cet outil permet également de travailler sur les valeurs, les projets, et les choix existentiels.
J’ai tenté de vous résumer les 5 étapes de ce processus :
1. Choisir une figure importante
La première question est : “Parmi des figures connues, de l’histoire, de notre époque, ou symboliques, de qui auriez-vous aimé être influencé ou éduqué ?”
Chacun ses choix, me jugez pas !
Notons que les choix de l’accompagné.e ne sont jamais remis en question. Ils sont simplement explorés lors de l’étape suivante.
2. Comprendre les valeurs qui sous-tendent ce choix
“Qu’est-ce qui fait que vous avez choisi ce personnage précisément ?” Cette question permet de mettre en lumière les valeurs importantes pour l’accompagné.e. L’hypothèse est que la réponse révélera des dimensions existentielles significatives.
Voici quelques exemples de questions issues de la thérapie narrative (tirées de l’article d’Hélène Dellucci et Cécile Bertrand que je vous conseille vivement de lire) :
- « Est-ce que ce choix vous suggère quelque chose à propos de ce qui est important pour vous, dans votre vie et dans vos relations ? »
- « Qu’est-ce que ce personnage dit de la personne que vous êtes ? »
- « Que partagez-vous avec ce personnage ? »
- « Qu’est-ce que ce choix dit de vos valeurs ? »
- « Pourriez-vous me raconter une expérience où vous avez défendu les valeurs dont vous parlez ? »
- « Sur quelles capacités vous êtes-vous appuyé pour vivre cela ? »
- « Pouvez-vous en parler ? »
Une fois que ces valeurs sont clarifiées, il est temps de passer à la phase de recherche.
3. Rechercher des informations sur le personnage
Cette étape consiste à se documenter sur le personnage choisi. Internet existe, béni soit le fruit (pour celleux qui ont la ref).
Une fois bien informé sur la figure choisie, il est temps de passer à une phase plus visuelle.
4. Trouver une photo et réaliser un collage
Après la phase de réflexion vient la phase visuelle. Il s’agit de trouver une photo ou une image représentant la figure choisie.
Avec cette image et les informations recueillies, l’accompagné.e crée un collage, que ce soit dans un carnet (si le contexte familial actuel est insécure) ou sur une grande feuille.
Ce collage doit être regardé quotidiennement pour créer et renforcer les nouveaux réseaux neuronaux associés à ces valeurs et liens d’attachement.
5. Dialoguer
Cette étape consiste à réfléchir à la manière dont cette figure symbolique pourrait intervenir dans la vie quotidienne de l’accompagné.e. Quelques questions pour amorcer ce dialogue :
- « Que vous dirait cette personne dans cette situation ? »
- « Que ferait-elle ? »
- « Quel regard porterait-elle sur cette situation ? »
- « Quel conseil pourriez-vous lui demander ? »
Les objectifs sont multiples : créer un lien émotionnel avec la figure choisie, offrir un soutien symbolique, et renforcer les ressources intérieures de l’accompagné.e. Petit à petit, cette figure symbolique trouve sa place dans la vie de l’accompagné.e, contribuant à développer son autonomie et ses ressources en dehors du cadre thérapeutique.
Une étape supplémentaire : les lettres
Dans l’article de référence, une 6e étape est proposée : l’écriture de deux lettres. Cette pratique approfondit encore le lien avec la figure symbolique.
Intégrer cet outil à l’hypnose
Cet exercice peut ĂŞtre mĂŞlĂ© Ă l’hypnose assez simplement, notamment dans le dialogue avec la nouvelle famille crĂ©Ă©e. Nous avons l’habitude de crĂ©er des discussions sous hypnose, et d’utiliser les mentors.
Ici, le travail est plus poussĂ© sur les valeurs, et l’objectif n’est pas de juste crĂ©er de nouvelles ressources, mais aussi de nouveaux liens d’attachements sĂ©cures.
Ressource : Article d’Hélène Dellucci et Cécile Bertrand